France/Le pardon de Macron aux harkis, ces anciens combattants de la guerre d’Algerie

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epa09477549 French President Emmanuel Macron delivers a speech during a ceremony in memory of the Harkis, Algerians who helped the French Army in the Algerian War of Independence, at the Elysee Palace in Paris, France, 20 September 2021. EPA/GONZALO FUENTES / POOL MAXPPP OUT (MaxPPP TagID: epalivefive746336.jpg) [Photo via MaxPPP]

Harki désigne par extension une partie des supplétifs engagés dans l’armée française durant la guerre d’Algérie sans avoir le statut de militaires. 

Reconnaissant « un abandon de la République française », le chef de l’Etat Français, Emanuel Macron a présenté ses excuses à ces supplétifs engagés au côté de l’armée pendant la guerre d’Algérie. Puis il a annoncé un projet de loi de reconnaissance et de réparations.

l y a ce silence, lourd de sens, qui accompagne l’entrée du chef de l’Etat dans la salle des fêtes de l’Elysée. Un silence chargé de douleurs, de méfiance, de colère mais aussi d’espoir. Un silence qui rappelle que la guerre d’Algérie et ses conséquences tourmentent encore tant d’esprits. Lundi 20 septembre, cinq jours avant la journée d’hommage qui leur est consacrée, Emmanuel Macron a tenu à apaiser les souffrances des harkis et de leurs descendants, en les recevant avec honneur dans ce lieu symbolique. C’est au cœur du palais de la République qu’il a choisi de leur dire « pardon ».

Mais, avant d’entendre ce mot, les quelque 120 invités se demandaient ce que le président de la République allait leur annoncer. Que pouvait-il bien raconter à ces supplétifs engagés dans l’armée française qui ont été abandonnés avec leurs familles par l’Etat au lendemain de la fin du conflit, en 1962 ? Avant de prendre la parole, Emmanuel Macron a tenu à les écouter, en permettant à quatre d’entre eux de raconter leur histoire, qui « reste trop mal connue des Français ».

On peut retenir le discours tout en puissance de la journaliste Dalila Kerchouche. L’autrice de Mon père, ce harki (Seuil, 2003) décrit son enfance dans les camps où ont été enfermées des milliers de familles à leur arrivée en France, il y a près de soixante ans. « Ma famille est sortie du camp en 1974. Traumatisée, marginalisée et meurtrie à jamais, raconte-t-elle devant le chef de l’Etat. Rien ne me rendra mon frère, qui s’est suicidé à 35 ans parce qu’il a passé toute son enfance derrière les barbelés du camp de Bias [en Lot-et-Garonne]. »

« L’histoire des harkis est grande et douloureuse. (…) C’est l’histoire de déchirures : déchirure de deux pays, déchirure avec vos terres natales, déchirure entre Français, a déclaré M. Macron dans son discours. C’est la tragédie d’une fidélité bafouée plusieurs fois par les massacres en Algérie, par l’exclusion en France, puis par le déni et le refus de reconnaissance. Votre histoire, c’est la nôtre. »

« La France a manqué à ses devoirs »

« Après la guerre d’Algérie, la France a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants », a estimé M. Macron, tout en précisant qu’il ne souhaite pas « juger le rôle des dirigeants d’alors, c’est le rôle des historiens, pas celui d’un président. Je ne saurais dire ce que j’aurais fait à l’époque ». Durant son discours, le chef de l’Etat a été interpellé par plusieurs personnes présentes dans la salle. « On n’a pas de passé (…). Mon cœur est blessé », lui a lancé une femme, la voix tremblante et les larmes aux yeux. « Il n’y a aucun mot qui réparera vos brûlures et ce que vous avez vécu », a répondu le président.

Avec Le Monde

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