Reportage/Sur le chantier du bitumage de l’axe Niakara-Tortiya. Les travaux avancent bien

0
104

Profitant de notre présence dans la zone de Niakara à la faveur de la fête pascale, le mercredi 3 avril 2024, nous avons entrepris de visiter le chantier de bitumage de la route Niakara-Tortiya. Sous un soleil de plomb, nous y trouvons des ouvriers au travail supervisés par un homme, sûrement le chef de chantier. Nous nous approchons de lui avec le but de lui soutirer des informations sur l’état d’avancement des travaux. L’homme hésite un instant et finalement au vue de notre carte de presse, il se résout à s’ouvrir à nous mais le couvert de l’anonymat. Qu’à cela ne tienne ! C’est même bon à prendre. Tortiya, à moins d’être de la génération des moins de trente ou vingt ans, ce nom devrait vous dire quelque chose. Et pour cause, cette ville diamantifère a fait longtemps parler d’elle contribuant fortement à l’embellie de l’économie ivoirienne. Mais suite à d’énormes dégâts sociaux et environnementaux constatés, en 2005, le Conseil de Sécurité des Nations Unies à travers la (Résolution 1572) a imposé des sanctions sur les diamants bruts en provenance de la Côte-d’Ivoire, en raison du premier  conflit politico-militaire qu’a vécu le pays. La Côte d’Ivoire, exclue du Processus de Kimberley auquel elle avait volontairement adhéré en fin 2002, n’avait d’autre choix que d’interdire l’exploitation artisanale du diamant. Toutefois, conscients des efforts réalisés par la Côte d’Ivoire en vue de parvenir à la normalisation de ce secteur, le Conseil de sécurité des Nations Unies, depuis le 29 avril 2014, a levé cet embargo qui le frappait. Mais le pays qui essaie de finaliser sa chaîne légale de traçabilité, semble prioriser d’autres zones, notamment la zone de Séguéla. Complètement abandonnée à elle-même, la ville s’est vidée de ses nombreuses populations en transit. La route qui la reliait à Niakara, chef-lieu de département, n’avait jusque-là fait l’attention d’aucun gouvernement, au point où évoquer le nom de Tortiya, était faire allusion au calvaire que l’on y vivait à cause du mauvais état de sa route et des nombreux braquages. Il a fallu un homme et sa vision, nommé Alassane Ouattara pour venir au secours du peuple de Tortiya.

Le bitumage de la route Niakara-Tortiya, une promesse du Président Ouattara tenue

En visite d’Etat dans dans la région du Hambol du mercredi 27 au samedi 30 novembre 2019, sensible à la doléance persistante des populations du département de bitumage de l’axe Niakara-Tortiya, le chef d’Etat avait accédé à leur requête. Et le jeudi 26 janvier 2023, le Vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné lançaient les travaux. « Lors de la visite d’État de novembre 2019, le Président Alassane Ouattara, avait promis cette infrastructure routière à la grande joie des populations de Niakara et Tortiya. Et aujourd’hui, nous concrétisons cette promesse par le lancement des travaux, a souligné le ministre de l’Équipement et de l’Entretien routier, Amédé Kouakou, le jour du lancement des travaux. Selon lui, le projet aura un impact considérable sur les activités socio-culturelles et économiques de la Région et des deux localités. Il avait également indiqué que « cette route contribuera fortement à désenclaver la localité de Tortiya qui, naguère, avait été érigée en ville, suite de l’afflux des populations venues d’horizons diverses à la recherche d’un emploi dans le secteur des mines. Il a fait savoir que ce tronçon vise notamment à « rapprocher davantage les populations du Hambol avec leurs sœurs et frères des régions du Béré et du Poro, en facilitant cette intégration culturelle et socio-économique». Le vendredi 2 juin 2023, les travaux démarraient effectivement à partir de Niakara, capitale du département. Ils ont été confiés à l’Établissement Multiservices, Soro Zié (Ets MSSZ).

Une grande joie des populations de Niakara et Tortiya

Pour les habitants de Tortiya, c’est une joie incommensurable. Ils estiment que le bitumage de l’axe routier Tortiya-Niakara est synonyme d’inclusion socio-économique pour eux. Pour eux, ce projet routier ouvre une nouvelle ère pour le développement socio-économique de leur ville.  » Il est clair que la route précède le développement. Cela a toujours été dit à juste titre. Pour qu’une économie se développe, que les richesses soient créées par des investisseurs et que la prospérité nationale soit localement partagée, il faut obligatoirement que les personnes et les biens arrivent à circuler librement et aisément « , a déclaré Bamba (52 ans), agriculteur à Tortiya. Un autre riverain commerçant de maraîchers, M. Bakoum Tioté, estime lui, que la nouvelle route bitumée va ouvrir nécessairement la voie aux transformations et autres avantages liés à la technologie et aux innovations « parce que tout commence et se finit par une route. Avec tout ce que Tortiya a été, il y a longtemps que cette route devait être bitumée ». Déjà au lancement des travaux, le maire de la commune de Niakara, Pierre Koné, avait estimé qu’« un rêve de plus de 50 ans est devenu aujourd’hui une réalité », traduisant la longue attente du bitumage de cette route. « Cette voie va permettre de désenclaver la localité qui regorge de beaucoup de potentialités économiques », avait-il ajouté visiblement heureux. Quant à cet enseignant au Lycée moderne Henri Konan Bédié de Niakara et natif de Tortiya, Koffi Achille Grégoire, il a exprimé sa reconnaissance au gouvernement ivoirien pour la prise en compte de Tortiya dans les chantiers de bitumage en cours dans le pays. « Une économie dynamique dépend du mouvement des personnes, des produits et des services de tout genre. La bonne route a toujours conditionné la vie des peuples. Les populations en sont toujours tributaires pour l’accès à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé. La  route bitumée reste le mode de transport privilégié aussi bien pour les personnes que pour les marchandises. Comment donc ne pas dire merci au Président de la République pour ce beau cadeau », va-t-il s’interroger. Les transporteurs, les plus heureux, ont du mal à cacher leur joie à l’image de Cissé Karim. « Ce sera un ouf de soulagement. Tout va changer pour nous. Personne ne pouvait prendre le risque de mettre sur une telle route, un car moderne. A chaque voyage, il faut aller au garage avec ton véhicule. C’est coûteux et les passagers me font pitié à cause de la poussière. Penser que cela sera derrière nous dans un an, est un rêve pour moi. Je prierai toujours pour le Président Alassane. Que Dieu lui accorde une bonne santé et une longue vie », a-t-il demandé au tout puissant.

Les caractéristiques de cette voie

Le montant global des travaux est estimé à 48,78 milliards, entièrement financé par l’Etat ivoirien. Ce projet qui vise à relier Niakara, ville à forte potentialité économique à Tortiya, ancienne ville minière qui attirait plusieurs populations venues d’horizons divers. Sous le couvert de l’anonymat, un chef d’équipe rencontré sur chantier nous révèle qu’ Il s’agit de construire en linéaire ×une route de 53 km en 2×1 voie de 3,5 m de chaussée à laquelle s’ajoutera un accotement de 1,5 m en rase campagne et 2 m en agglomération. La structure de chaussée prévue se compose de 5 cm de béton bitumineux, 18 cm de grave bitume et de 20 cm de Grave non traitée (GNT). La durée de vie minimale de la chaussée sera de 15 ans. Un pont sera construit sur la rivière Bou, un affluent du fleuve Bandama, à la sortie de Tortiya. En outre, les deux villes de Niakara et Tortiya bénéficieront pour leur voirie interne, de plusieurs kilomètres de bitume ». Il faut noter que les travaux seront livrés dans 24 mois. Amédée Kouakoua avait noté que cette route sera à terme prolongée jusqu’à Dikodougou. Des aménagements connexes dans les localités traversées seront par ailleurs réalisés pour améliorer la sécurité routière et le cadre de vie des populations, telle que le bitumage de 07 Km de voiries, la construction de clôture de centre de santé et école, la construction de forage et la construction de marché le long de la route pour permettre aux commerçants de mener en toute sécurité leurs activités commerciales.

Le bitumage de la route Niakar-Tortiya vient donc réparer une injustice vieille de plusieurs dizaines d’années. Tortiya a contribué à écrire l’histoire de la Côte d’Ivoire sur le plan économique. Au plus fort de l’exploitation de son diamant, la ville aurait dû avoir sa route. Ce qui n’a malheureusement pas été le cas. Tortiya est restée comme telle avant, pendant et après le temps du diamant. « Même si aujourd’hui la ville ne jouit presque plus de son statut de zone minière, notre ville ne méritait pas un tel mépris. On ne peut pas maltraiter la mamelle qui nous a nourris », nous dit avec amertume M. Bakoum, chef du quartier Djinatou, mais qui dit être aujourd’hui consolé par la magnanimité du Président de la République, Alassane Ouattara. En attendant, ce sont des populations qui piaffent d’impatience de voir la fin des travaux de bitumage de leur route pour certainement rendre un hommage retentissant à leur bienfaiteur.

JPH

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici