Education nationale/Délivrance des cartes d’identité scolaires. Entretien avec M. Coulibaly Gninhoyo, Sous-Directeur de la (DSPS).

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Pour les examens de fin d’année, c’est un peu récurrent, certains candidats se plaignent de ne pas avoir leurs cartes d’identité scolaire. A quoi cela est-il dû ? Ivoirecho.net est allé à la source, échanger avec le premier responsable chargé de la délivrance des cartes d’identité scolaires, M. Coulibaly Gninhoyo, Sous-Directeur des Systèmes d’Information à la Direction des Stratégies, de la Planification et des Statistiques (DSPS).

Ivoirecho.net : Monsieur le Directeur, bonjour et dites-nous en quelques mots la procédure de confection des cartes d’identité scolaire.

Coulibaly Gninhoho. Bonjour à la rédaction de ivoireecho. Et merci de venir à la source de l’information.

Pour être bref, sachez simplement que la procédure de confection des cartes d’identité scolaires (CIS) commence avec l’inscription en ligne de l’élève ; s’ensuit le processus d’actualisation par l’établissement qui consiste, à travers son profil de travail sur la plateforme du ministère, à confirmer la présence effective de l’élève dans ledit établissement. Dès lors la production de la carte peut s’enclencher à condition que nous disposions d’une photo de l’élève. Chaque année, d’ailleurs, des équipes photos sont envoyées à raison de 3 fois la même année scolaire dans chacun des établissements pour faire les photos des élèves qui n’en ont pas. 

Ivoirecho.net : Comment expliquez-vous qu’il ait autant d’élèves qui se plaignent de ne pas avoir leurs CIS ?

C.G : Nous sommes une Direction des Statistiques. Nous parlerons avec des chiffres pour donner une idée de l’ampleur et nous expliquerons pourquoi certains, en effet n’ont pas leurs cartes à quelques jours des examens.

D’abord sachez qu’au moment où vous m’interviewez, nous avons produit 99,9% des cartes des élèves. Les 0,01% restants sont liées a diverses raisons :

  • Première raison : L’élève n’a pas de photo en base. Peut-on produire une carte sans photo ? Après trois passages de nos équipes dans les établissements, on note toujours des élèves absents aux prises de vue.  Sachez que c’est près de 210 agents photos qui sillonnent les établissements à la recherche de ces élèves fantômes. Sans compter qu’à l’heure où nous faisons cet entretient les kits de prises de vue attendent ces élèves dans les Directions régionales. La DSPS ne peut pas produire de cartes sans photos ; ça n’existe nulle part au monde. 
  • Deuxième raison : L’élève n’est pas correctement actualisé par son établissement. Une carte c’est deux choses : les données et la photo. L’actualisation qui relève de l’établissement concerne, les données qui doivent être conformes à l’acte de naissance enregistré par l’établissement ; ensuite vient la photo que nos équipes passent dans les établissement pour faire. Je signale que le système de production est assez performant à tel point qu’une photo prise de n’importe quel coin du pays est transmise automatiquement sur le serveur central et la carte est éditée dans les minutes qui suivent. Un élève sans photo peut avoir sa carte éditée en moins de 5 minutes dès lors que la photo est disponible. Il faut noter que ce système innovateur piloté par la DSPS est unique en Afrique voir au-delà ; Notre capacité de production est de 40 000 cartes par jour ; Quelle raison aurions-nous à ne pas produire les cartes en dehors des contrôles de conformité que nous nous devons de faire pour éviter la fraude.
  • Troisième raison : Le processus de livraison consiste à faire acheminer les cartes dans les Directions régionales respectives qui sont ensuite acheminées dans les établissements pour être remises aux élèves. C’est peut-être là que nous devons mener la réflexion pour nous assurer que les CIS ne restent pas stockées à ces différents stades sans être remises aux élèves. Surtout qu’il nous revient que pour les classes d’examen, la remise de la carte aux élèves surtout ceux du privé est conditionnée par le fait que l’enfant soit à jour de sa scolarité. D’autres les gardent par devers eux pour éviter que leurs élèves les perdent avant les examens et ne les leurs remettent qu’a la veille.

Voici entre autres, quelques raisons qui expliquent un peu pourquoi certains élèves peuvent ne pas avoir leur cis. 

Ivoirecho.net : Justement comment expliquez-vous que des élèves n’aient pas de photos puisque c’est vous qui avez la charge de faire les prises de vue ?

C.G : C’est une bonne question. Les raisons sont diverses et je vous laisse apprécier:

– Premièrement : Certains élèves sont introuvables dans leurs établissements d’inscriptions parce qu’en réalité, ils sont assis physiquement dans des locaux différents. La raison, certains établissements non autorisés à ouvrir se cachent derrière certains officiellement reconnus. Vous avez beau envoyé vos équipes vous ne trouverez pas ces élèves. 95% de ceux qui se plaignent de ne pas avoir leurs cis sont dans ce cas. Ils apparaissent à la veille des examens, font du bruit relayé par les réseaux sociaux et le tour est joué ; la tendance est inversée laissant penser que c’est plutôt la faute à la centrale. C’est pourquoi nous nous réjouissons que vous veniez à la source de l’information ; c’est plus professionnel.

Deuxièmement : Certains élèves sont tentés par la fraude ; visant à vouloir faire composer des mercenaires à leurs places, ils attendent la dernière minute pour espérer mettre la photo du mercenaire sur la carte qui aurait alors le quitus d’aller composer. Nous restons vigilant sur ce point. Vous comprenez qu’il faut être dans le système pour comprendre certaines subtilités. Quand on ignore ces éléments et qu’on s’alarme à tout bout de champ c’est pas sérieux, c’est pas professionnel. Notre rôle n’est pas de délivrer des cartes sous pressions et encourager la fraude mais de nous assurer que nous remettons la carte à son ayant droit.

Sinon comment expliquez-vous que ces élèves n’attendent qu’à quelques jours des examens pour se signaler ? Ne nous faisons pas peur ; nous ne pouvons pas céder à la pression des réseaux sociaux pour encourager la fraude. 

Ivoirecho.net. Parlant des établissements « clandestins » qui se cachent derrière certains qui sont autorisés ; en avez-vous une idée de l’ampleur et quelle solution envisagez-vous ?

C.G : Disons que pour ce qui est de l’ampleur, fort heureusement, l’inscription en ligne a permis de juguler ce fléau à 99% ; la preuve est que 0,01% des élèves qui n’ont pas leurs carte sont sans photos. En supposant que cela est lié à ce phénomène, que nous appelons le tutorat,  est la principale cause, on ne peut pas dire que c’est catastrophique ; Nous ne baissons pas pour autant les bras ; les croisements de fichiers sont faits et nous allons très certainement ressortir les établissements officiels que nous soupçonnons de faire ces pratiques. Ce fichier sera transmis  à l’Inspection Générale pour des fins de vérification avant de prendre des sanctions éventuellement.

Ivoirecho.net : Merci Monsieur le Directeur, Un dernier mot ?

C.G : Merci à ivoirecho de nous avoir approché et nous permettre d’expliquer le processus de production des cartes d’identité scolaire. C’est une pièce fondamentale dans le contrôle des données et qui aide beaucoup à fiabiliser le fichier national des élèves. Nous sommes conscients des éléments de faiblesse qui restent à corriger et nous sommes à la tâche. 0.01% de cartes non produites par manque de photos, c’est beaucoup mais peut-on pour autant crier au scandale ? Quand on sait que derrière ces complaintes sont souvent tapis dans l’ombre les éternels fraudeurs qui font du bruit. 

Interview realisée par Foumpi pour Ivoirecho.net

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